L'Apprenti meunier et la petite chatte
24-01-2017, 11:10 PM
Il était une fois un meunier qui avait ni femme ni enfant,
mais qui avait à son service trois jeunes apprentis.
Cela faisait quelques années que les apprentis travaillaient
auprès de lui et, un jour, il les fit venir et leur dit : « Je suis
vieux et je veux maintenant prendre ma retraite au coin du feu.
Allez ! Parcourrez le monde. Et celui qui me rapportera le meilleur
des chevaux devra s’occuper de moi jusqu’à mes derniers
jours, et à celui-là je donnerai mon moulin. »
Le troisième apprenti, Hans, était plus jeune que les autres
; et ces derniers, le tenant pour idiot, ne lui confiaient jamais
le moulin. Lorsque que tous trois se furent retirés, les deux
plus vieux dirent à Hans : « Tu peux bien rester ici, jamais de
toute ta vie tu ne trouveras de cheval. » Mais Hans alla quand
même avec eux. Alors que la nuit tombait, ils arrivèrent à une
grotte et rampèrent à l’intérieur pour y dormir. Les deux plus
vieux attendirent que Hans se fut endormi, puis ils se levèrent et
partirent en secret. Ils laissèrent là le petit Hans et se dirent
qu’ils avaient été rusés. Mais la suite n’allait pas se dérouler
comme ils l’avaient prévue !
Quand le soleil se leva, Hans se réveilla et constata qu’il n’y
voyait goutte. Il regarda partout autour de lui et s’exclama :
« Mon Dieu ! Où suis-je ? » Puis, il rampa hors de la grotte, alla
dans la forêt et se dit : « Maintenant, je suis tout seul et je me
suis égaré. Comment vais-je donc faire pour trouver un cheval
? » Alors qu’il allait, comme ça, perdu dans ses pensés, il
rencontra une petite chatte bigarrée. Celle-ci lui dit gentiment :
« Hans, où vas-tu donc comme cela ? » « Hélas, tu ne peux pas
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m’aider », répondit Hans. « Je connais ton désir, dit la chatte,
tu aimerais trouver un beau cheval. Viens avec moi et sois mon
fidèle serviteur sept années durant. Ensuite, je te donnerai un
magnifique cheval, un cheval comme tu en n’as jamais vu. »
« C’est une chatte étonnante, pensa Hans, mais je vais tout de
même la suivre pour voir si ce qu’elle dit est vrai. »
Ainsi, la chatte multicolore l’emmena dans son palais enchanté.
Là, se trouvaient d’autres petits chats bruyants qui
étaient ses serviteurs. Ils montaient et descendaient l’escalier
agilement, étaient gais et joyeux. Le soir venu, lorsqu’ils
s’assirent à la table, trois des chats durent faire de la musique :
l’un joua de la contrebasse, l’autre du violon, le troisième, les
joues toutes gonflées, souffla dans la trompette aussi fort qu’il le
pouvait. Quand le repas fut terminé, la table fut poussée dans
un coin, et la chatte bigarrée dit : « Maintenant viens, Hans, et
danse avec moi ! » « Non, répondit Hans, avec une chatte, je ne
danserai pas ; cela, je ne l’ai jamais fait. » « Alors, allez le coucher.
», dit la chatte à ses serviteurs. L’un d’eux prit une chandelle
et le conduisit à sa chambre. Là, un autre serviteur lui ôta
ses souliers, un autre les bas, et finalement, un autre souffla la
chandelle.
Le lendemain matin, les serviteurs revinrent et l’aidèrent à
se lever. L’un d’eux lui enfila ses bas, un autre lui mit ses jarretières,
un autre le chaussa, un autre le lava, tandis qu’un autre
lui nettoyait le visage avec sa queue. « Hé bien ! On fait la belle
vie, ici », se dit Hans réjoui de son nouveau travail. Mais il dut
travailler et fendre du bois à longueur de journée pour la chatte.
Pour cela, il reçut une hache d’argent, un coin d’argent, une scie
d’argent et une cogné de cuivre.
Hans s’appliqua à son travail et demeura au palais enchanté.
Il mangeait toujours de bon repas, mais jamais, à part la
chatte bigarrée et ses serviteurs, il ne voyait quelqu’un. Un jour,
la chatte lui dit : « Va ! Fauche mon champ et met le foin à sé-
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cher. » Aussi, lui donna-t-elle une faux d’argent et une pierre à
aiguiser d’or, lui ordonnant de tout rapporter en état. Hans partit
et fit ce qu’elle lui avait ordonné de faire.
Lorsque son travail fut terminé, il rapporta au palais la
faux, la pierre à aiguiser et le foin. Et comme les sept années
étaient maintenant écoulées, il demanda à la chatte s’il n’était
pas le temps de lui donner sa récompense. « Non, répondit la
chatte, tu dois encore accomplir un dernier travail pour moi :
voici des matériaux d’argent, une égoïne, une équerre, et tout ce
qui peut être utile ; tout cela, fait d’argent. Avec cela, tu dois
maintenant me construire une petite maison ! »
Hans lui construisit une jolie petite maison et lorsque tout
fut prêt, il dit à la chatte que, bien qu’il ait maintenant fait tout
ce qu’on lui avait demandé, il n’avait toujours pas reçu de cheval.
« Peut-être voudrais-tu voir mon cheval ? », rétorqua la
chatte. « Oui », répondit Hans. Alors la chatte sortit de la maisonnette
– là se trouvaient douze magnifiques chevaux, si polis
et si blancs qu’on pouvait presque se mirer dedans. En les
voyant, Hans sentit son cœur sautiller dans sa poitrine. La
chatte lui offrit encore un repas et lui dit : « Maintenant, retourne
chez toi. Mais je ne te donnerai pas le cheval tout de
suite : dans trois jours, je viendrai et te l’apporterai. »
Alors la chatte lui montra le chemin du retour et Hans se
mit en route. Depuis sept ans, Hans n’avait jamais reçu de nouveaux
vêtements ; il dut donc retourner chez lui vêtu de ses
mêmes vieilles guenilles, devenues beaucoup trop petites avec le
temps. Lorsqu’il arriva au moulin, les deux autres apprentis
étaient déjà de retour. Chacun d’eux avait rapporté un cheval,
mais l’un était aveugle, l’autre paralysé. Ils demandèrent à
Hans : « Alors Hans, où donc as-tu mis ton cheval ? » « Dans
trois jours il sera ici », répondit Hans. Les deux autres apprentis
s’esclaffèrent et le traitèrent d’idiot.
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Hans entra et alla dans la salle à manger. Mais le meunier
lui dit qu’il ne pouvait pas s’asseoir à la table, qu’il était trop
déguenillé et qu’ils auraient honte de sa présence. Il lui donna
un peu de nourriture et l’envoya manger dehors. Lorsque le soir
fut venu et qu’il fut temps d’aller se coucher, les deux autres apprentis
ne voulurent pas lui donner un lit. Hans dut se faufiler
dans la basse-cour et dormir sur la paille.
Quand il se leva le troisième jour, un carrosse arriva, tiré
par un attelage de six chevaux. Un domestique en apportait un
septième, celui-ci était pour Hans. À ce moment, une princesse,
qui n’était nul autre que la petite chatte bigarrée que Hans avait
servie sept années durant, descendit du carrosse. Elle entra
dans le moulin, et demanda au meunier où se trouvait Hans.
« Hé bien ! dit le meunier, nous ne pouvons pas lui permettre de
rester à l’intérieur. Il est si déguenillé qu’il a dû s’installer dans
le basse-cour ! » Alors, la princesse demanda à ce qu’on aille le
chercher immédiatement.
On alla donc le chercher, et Hans se présenta devant elle
vêtu de ses vieilles guenilles. Là, le domestique sortit de magnifiques
vêtements ; Hans dut se laver et s’habiller. Lorsqu’il eut
terminé, il ne pouvait y avoir plus beau prince que lui. Là-
dessus, la princesse exigea qu’on lui fasse voir les chevaux que
les autres apprentis avaient rapportés. Mais l’un était aveugle, et
l’autre paralysé. Elle fit apporter le septième cheval par l’un de
ses valets, et lorsqu’il le vit, le meunier s’écria : « Mille tonnerres
! Jamais je n’ai vu un tel cheval ! » « Il est pour Hans », dit
la princesse. « Si c’est son cheval, alors c’est à lui que je donnerai
mon moulin », dit le meunier. Mais la princesse lui répondit
qu’il pouvait garder son moulin.
Elle prit son cher Hans par la main, le fit monter avec elle
dans son carrosse et, ensemble, ils s’éloignèrent. Ils se dirigè-
rent d’abord vers la maisonnette que Hans avait construite avec
les outils d’argent. Mais la maisonnette s’était transformée en
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un immense château, couvert, aussi bien à l’intérieur qu’à
l’extérieur, d’or et d’argent. Puis, ils célébrèrent un grand mariage
et vécurent riches et heureux pour le reste de leur vie.


سحر الحرف والكلام


شكرا للأخ صقر الأوراس على التوقيع