L'Africom ou l'Iraquisation de l'Algérie..
30-09-2008, 01:31 PM
L'Africom ou l'Iraquisation de l'Algérie..

L'Algérie est en danger, faut-il le dire tout de suite, et pour causes, sa situation stratégique, ses ressources énergétiques et ses relations extérieures. Le danger cette fois, est gravissime à cause de son refus aux USA d'installer chez nous leur commandement militaire pour l'Afrique (Africom) qui est devenu un élément essentielle dans l'équation de la sécurité nationale américaine en termes d'intérêts économiques.
L'Africom, malgré son caractère militaire, est destiné d'abord à contrôler les sources d'énergie sous prétexte de lutte antiterroriste. C'est une vraie militarisation du domaine diplomatique qu'opèrent les USA depuis quelques temps pour bien contrôler les ressources énergétiques de l'Afrique. Et ceci inquiète tout le monde, y compris les Américains eux-mêmes. La cour des comptes américaine (GAO) a publié en juillet dernier un rapport où elle exprime ses inquiétudes quant aux efforts déployés en Afrique et qui dépassent les activités militaires.
A l'administration Bush, c'est plutôt l'argument de la lutte antiterroriste qu'on avance comme justification, ce qui n'est pas rassurant. Il n'est pas sans savoir que le terrorisme a été gonflé justement pour justifier cette présence impopulaire qui aussi, risque d'attirer ce terrorisme qui n'existe pas. Pour les connaisseurs, les Américains n'ont qu'une idée derrière la tête et qui les obsède: Stopper la percée économique chinoise dans un continent riche en ressources énergétiques. Leur présence sur le terrain serait donc stratégiquement indispensable en Afrique. A noter que 15 % des importations de pétrole des Etats-Unis proviennent de ce continent, avec une tendance à la hausse, visant le taux minimum de 25 % au cours des prochaines années.
L'Africom a donc comme objectif premier, outre ses ambitions militaires, le contrôle des sources d'approvisionnement énergétique situées sur le continent. M Mark Fancher, membre de la Conférence américaine des avocats noirs, ne cache rien: «le commandement africain des Etats-Unis n'est rien d'autre qu'un instrument visant à garantir que l'accès de l'industrie pétrolière américaine aux larges réserves énergétiques de l'Afrique". Il nous explique que ce commandement pourrait abuser de cette présence et forcer les choses sous prétexte de la lutte antiterroriste. Il le dit explicitement: "Si quiconque interfère, nous craignons qu'ils soient étiquetés terroristes et deviennent la cible d'attaques militaires».
Dans le camp africain, le vent ne va pas du bon côté pour M Bush. Je ne sais pas s'il faut d'ores et déjà crier victoire et affirmer que les USA peinent à trouver un pays qui accepterait d'accueillir cet organisme de discorde. Ce qui est sûr est que l'Algérie, pays hautement stratégique très convoité, reste farouchement opposée à cette entreprise colonialiste, alors que l'administration Bush ne se lasse pas de solliciter les Algériens, tout en exerçant des pressions de tous genres, y compris la provocation des actes terroristes. Jusqu'à présent les Algériens d'en haut semblent être conscients du danger que cela présente, et pour le pays et pour le continent; et les choses s'annoncent satisfaisantes. Le Président Bouteflika ne se lasse pas, lui non plus, de s'excuser auprès de notre client américain en émettant un niet diplomatique, puisque celui-ci s'est même permis de démentir que les USA l'ont sollicité.
Reste à savoir si notre Aziz est en mesure de résister à la pression étasunienne avec l'approche des élections et sa dépendance de, je ne sais qui, quant à la possibilité de se porter candidat pour la troisième fois. Les prochains jours nous alimenteront de ses nouvelles sinon, de celles des ténors du pouvoir occulte qui sévissent en Algérie depuis plus d'un demi-siècle. Ce qui n'est pas clair pour le moment, c'est la tendance des militaires, bien que le reste des partis au pouvoir ont toujours été leur miroir, mais il est très tôt d'en avoir une opinion solide. Les choses sont appelées à changer d'un moment à l'autre et l'Algérie est en danger.
Laïd DOUANE