Moi EX-détenu du camp de la honte, je proteste !
19-08-2009, 09:09 PM
[
COLOR="Red"]MOI, EX-détenu du camp de la honte, je proteste!

En Algérie, ces derniers temps, temps de friperie politique, on surenchérit, on spécule et on vend tout avec ou sans étiquettes, y compris la douleur, le malheur et les larmes. Mais là n'est pas le comble, du moment qu'il existe des acheteurs. Ce n'est plus tragique qu'il y ait des "mecs" au pouvoir, qui fabriquent des malheurs pour "ficeler" des affaires sécuritaires qui leur donneraient de percer le monde des pourris d'en haut qui est le leur. 0r les scrupules ont plié bagages depuis que des gens salement "bien placés" s'adonnaient, en jouissant-même, le complot pour se faire une place qui n'était pas la leur. Ici je parle de ces premiers de la récréation qui, n'ayant pas le niveau requis pour occuper un poste de responsabilité, font tout pour rattraper le temps perdu en classe, et fabriquent des dossiers, allant jusqu'à détruire des familles et des liens pour se forger une "chair" qui ne leur reviendrait jamais de droit dans les conditions normales! Pour rappel, la société algérienne est fondée essentiellement sur la cellule familiale !

En fait, faut-il le dire: Maintenant qu'on a l'habitude, on feigne vivre avec, même si ça grince partout. Par contre, ce qui rend fou, qui rend impossible la vie et qui pousse à "monter à la montagne" au sens algérien du terme, c'est de voir ses propres malheurs et ses douleurs étalés dans les journaux, dans les blogs et dans les agences presses. Le comble est qu'on en parle et qu'on parle de vous et à votre place en votre su et vu sans prendre, même pas, une petite peine de vous aviser. C'est qu'on continue à croire que vous ne valez plus rien, du moment que vous avez appartenu un jour à ce fameux PARTI dissous.

Un jour, et sur recommandation d'un responsable local, je suis allé voir un haut responsable très proche de la Présidence, pour solliciter de reprendre mon travail après plusieurs années d'exil. Une façon de se repentir de LA bonne foi, non pas de bonne foi ! J'ai peiné à expliciter, et c'est là mon erreur, que j'ai été lésé dans mes droits et que j'attendais réparation. J'ai fait savoir à ce monsieur, que j'ai été arrêté plusieurs fois et que j'ai été déporté vers le fameux camp de concentration de Reggane et que..

-"Tu veux dire : Camp de sureté, m'interrompe-t-il !

- Oui, c'est bien ça, réponds-je en sursautant, me rappelant que j'étais en face d'un vrai commis de l'état.

- Ah! Donc, tu appartenais au parti dissous ?

- Oui, réponds-je, mais…

Du reste, vous l'aurez deviné, j'ai quitté les bureaux, non pas bredouille seulement, mais complètement vidé de mon algérianité; une espèce d'apatride sans perspectives et sans repères!

Et maintenant, je me mets à la place de mon MOI, et me demande : qu'est-ce qui me fait écrire toutes ces choses qui réveillent les démons et révèlent combien les blessures sont profonde dans un pays où la réconciliation s'habille en lois. Partitionné donc en en deux, je me suis longtemps regardé en face mais sans rien voir. Hier soir, j'ai été destinataire d'un courrier électronique anonyme qui a eu le mérite de me beloter dans mes nerfs et de me faire écrire malgré mes idées taries depuis quelque temps ; depuis que je suis devenu incapable de bien nourrir mes enfants. Le message contient un ensemble de liens internet avec le sujet, ô combien traumatisant pour moi et ma famille ; Le fameux sujet aux dimensions de la persécution, de l'arrestation et de la détention au sens de l'arbitraire, la torture et l'internement au gré de l'humeur, et enfin, tout aux temps des années de braises et aux couleurs de la sale guerre.

On peut lire dans:

http://www.algeriawatch.de/fr/articl...tie/ex_in&...: "Les internés des camps du Sud veulent «leurs droits». Les propos sont du Quotidien d'Oran. Concerné, étant moi-même l'un de ces "Internés du sud", à Reggane de surcroit, j'ai décidé de réagir. Mais de quels droits s'agit-il, à part ceux de nous ficher la paix ? Sinon d'avoir, peut-être, une carte d'handicapé mental à 100% à l'instar de mes deux frères germains ? Le Quotidien parle de "Comité de défense des internés des camps de sûreté (CDICS)" incognito jusqu'ici ! On voudrait bien savoir comment ce comité a-t-il été créé et par qui ? Quelqu'un aurait-il la gentillesse de nous donner des précisions à ce sujet ?

http://www.latribune-online.com/evenement/20890.html,

Le quotidien algérien La Tribune titre :"Les EX-internés des camps de sûreté dénoncent". En outre, ils auraient déclaré, selon le journal que "La charte pour la paix et la réconciliation nous a ignorés ». Ou encore : "Les internés des camps du Sud veulent «leurs droits».

Réduit en boule de nerfs, j'ai dû soulever un impossible pot d'efforts pour commenter l'article, mais le webmaster de du journal n'a pas trouvé opportun de le publier. Calmé ce soir, j'ai décidé de réagir et répondre un peu à tout le monde :

On dit chez nous : "Le vieux revient du souk, et la vielle interroge ceux qui y vont !" Or, si un peu de sérieux il y avait, on se serait adressé aux concernés au nombre des dizaines de milliers ; trente mille plus exactement. Je peux même jurer que plus de 90% de cette grande population, du moins celle du camp de Reggane, ont fait des études secondaires ou plus. Et pour faire plaisir à l'autre partie de mon MOI, je rappelle que 50% des internés de Reggane on fait l'université. J'ajouterai qu'à la fin de cette détention criminelle, perpétrée par des criminelles, il ne restait plus aucun détenu qui ne sache lire et écrire. Alors messieurs les hommes de l'information, soyez journalistes professionnels et adressez-vous à ces gens !

S'agit-il donc de mon internement, euh, de l'internement arbitraire et surtout, crapuleux de nous autres les victimes de l'obsession JANVIERISTE de l'an 1992, nous les "imbéciles" qui avons cru à ces CONS au pouvoir, les brebis qui avons accepté d'être réveillés au milieu de la nuit du 09 février 1992 pour nous conduire comme des bandits, mains liés, vers des casernes, nous transportant comme des bêtes de somme sur des camions de troupes vers l'inconnu, puis sur n'importe quoi et même sur des avions vers, on ne savait où, jusqu'à nous retrouver à "Kandahar", nous dira-t-on, surnom donné au camp de concentration de Reggane ou "triangle de la mort".

Mais bon sang, où étions-nous pour qu'on parle de nous et à notre place ? Croit-on vraiment que nous sommes fous et incapables d'assumer notre avenir ? Mais d'où sort-il ce "comité de défense des internés des camps de sûreté ", camps de concentration, dirais-je ? Sommes-nous pourtant, tous vivants ou presque et fumes quelques 30 000 condamnés à la haine et traumatisés au delà de nos âmes. Moi en tout cas, je le suis pour la vie, mais je reste zen et je continue à aimer mon pays quoique mon cœur soit submergé de haine. Mais je ne peux que continuer à croire que ceux qui m'ont conduit là-bas, sont mes ennemis. Cependant, je ne renoncerai jamais au soutien de toute intention ou action tendant vers une vraie réconciliation. Aussi, je ne peux guère ne pas haïr, et le mot est faible, les maudits Boudhiaf, Ali Kafi, Ali Haroun, Heddam, Nezzar et Redha Malek, que Dieu prennent ceux qui sont encore en vie. Aussi enfin, je garde toute ma sérénité et tâche de faire la différence entre un voleur de pouvoir et un sauveur de la république.

Justement, ce sont ces voleurs de pouvoir qui ont fait de nous des engins à sous munitions prêts à exploser à leur demande. Au camp de Reggane, nous étions quelques 3025 Algériens entassés dans un coin perdu, sous un soleil méchamment nourris de chaleur inhumaine atteignant et dépassant parfois les 50°. Morts vivants nous l'étions, traumatisés nous le sommes et perdus, peut-être, nous le serons. Comme des paquets de RIEN, on nous y a empilés pour nous oublier et nous faire oublier ; Heureusement que la justice divine décida de prendre à jamais, ce monsieur-là. Par suite, on nous a transférés vers un camp à Tibergamine puis à Tassabit, pour terminer dans la nature infimes, tous ou presque, vidés de sens humains et bons à la traque par la peur et de l'effroi. Moi, j'ai terminé à l'hôpital d'Adrar où j'ai été encastré pendant des semaines dans la douleur à tous les sens. Aujourd'hui, je crois avoir payé les pots cassés pour une ou des raisons que mes enfants ne pourront jamais savoir, puisque moi-même je les ignore. Mais ce n'est pas là le sujet du moment.

Et "témoigna un témoin de la maison", un témoin de taille, en l'occurrence M Bouteflika qui a "clairement dit que l’arrêt du processus électoral constituait la première violence dans le pays." Témoignage de taille, pas pour moi en tout cas, même s'il vaut ce qu'il vaut, car il ne suffit pas de le dire pour nous abrutir encore et continuer à nous mener de camp en camp. La violence cher M Bouteflika, a commencé, non pas suite à l'arrêt du processus électorale, mais plutôt et surtout en même temps que l'annonce des élections dans les conditions que nous savons maintenant ! La violence, la vraie violence a commencé quand on a fait croire aux Algériens que la démocratie serait totalement respectée. Ici, je n'ai nullement besoin d'expliquer, surtout quand je vous rappelle les évènements de Guemmar puis la fameuse déclaration du général Khaled Nezzar : "Nous connaissons les coupables et nous les exterminerons tous"! La violence monsieur le Président de la République, s'est même constitué en parti agréé par le ministre de l'intérieur. Et cette chose qui vous a, vous-même, enterré pendant vingt ans sous les pieds des imbéciles, comment l'appelleriez-vous ? De la violence, non ? Puis après vingt ans d'exclusion, vous voici Président de la République à trois mandats et peut-être cinq ! Et ça c'est quoi?

Pour revenir à ce que nous avons enduré dans les camps, je ne vous dirais pas ; c'est indescriptible et c'était à peine croyable ! Il y avait même des détenus, trop choqués peut-être, qui se sont posé sérieusement la question : EST-CE QUE NOUS SOMMES VRAIMENT EN VIE ICI BAS ? Il y avait, et j'en pleure, des créatures qui croyaient vraiment que ça devait être celle-là la vie dans la tombe (El Barzakh). Et chacun cherchait des preuves comme quoi il vivait vraiment; la mienne était que, après des semaines de doute, j'avais reçu une lettre de ma femme où elle m'avait appris qu'elle avait avorté pendant mon enlèvement. C'est marrant de l'écrire aujourd'hui, mais pour moi c'était une autre preuve que je vivais, car je pleurais à chaudes larmes ; non pas pour avoir perdu un garçon désiré qui aurait aujourd'hui 17 ans et qui chercherait à coup sûr, à rejoindre le maquis, donc Dieu merci ; je pleurais justement, parce que j'étais certain que je vivais ! Dois-je ajouter que, le mort-né étant un garçon, ma femme la plus touchée d'ailleurs, est devenue, pendant longtemps, comme ma propre sœur!!

Quand M Belmouhoub dit, je cite : "Je ne souhaiterais à personne de vivre ce que nous avons vécu", il n'a pas menti et ce n'est pas par envie ou par jalousie ; connaisseur de la chose, ce monsieur devait souffrir surtout s'il était citadin avant son arrestation ; Bref ! C'était juste insupportable, que Dieu mène en enfer ceux qui étaient derrière cette affaire ! C'était la mort à petit feu et c'était la peur à en mourir. En tout cas, pour ce qui me concerne, j'y agonisais pendant onze mois, et depuis, je n'ai pas réussi à sortir du coma. Pendant ces onze longs mois, ma famille a été tout le temps harcelée pour terminer dans la rue. Expulsée de l'appartement que j'occupais afin d'être offert, pour plus de torture, à un collaborateur ! Par suite, je suis devenu tout simplement, un RIEN dans leur lexique, mais je vis quand-même sans perspectives et sans état d'âme, puisque je ne tiens plus à rien ! Oups ! J'allais oublier d'écrire que depuis peu, DIEU nous a offert à moi et ma femme, garçon qui, avec ses quatre sœurs vont continuer à vénérer ce pays ; juré craché. Cependant, je promets de tout faire pour que personne, plus personne ne pourra les priver de la liberté de penser.

Me reste à dire une petite chose à M Bemouhoub et je tiens à la lui dire sur un ton de reproche ; or c'est blasphème et c'est profane ce que vous suggèrez, je cite : "Je veux que la république me demande pardon." Comme c'est bête d'attendre que la république demande pardon ! Si vous pesez bien vos mots, monsieur soi-disant le président, vous découvrirez facilement que vous dérapez en catastrophe, car ce n'est quand-même pas la république qui a fait ou qui a fait faire cette sale besogne ; ce sont bien ces sales types qui gouvernaient la République qui ont CHIE sur les enfants de la République. La République a été elle-même victime des dépassements de ses ouled Elharam qui nous gouvernaient. En tout cas, moi personnellement, je n'exigerais de personne de me demander pardon, car je ne suis pas près de pardonner aux criminels notoires qui ont violé et continuent à violer la République.. Du reste, je pardonne à tout le monde, volontiers. Quant à la république, c'est à moi de lui demander pardon et j'espère qu'elle me pardonnera. Il faut toujours pardonner mais il faut savoir pardonner. Quant à demander réparation à ceux qui nous gouvernent actuellement, eux qui ne sont pas responsables de nos malheurs, c'est un peu comme appeler au secours en ayant l'impression que personne ne vous entend.

Enfin, ne me reste rien à dire à ce sujet, sauf à demander aux marchands de malheurs, de douleurs et de pleurs, d'aller voir ailleurs, à Hong Kong par exemple ou à Taïwan et même à Doubaï, car les nôtres ne leur apporteront que des fins réservées aux Boudhiaf, Larbi Belkhir et autres. Fichez nous la paix, épicitou, comme disait ma grand-mère ! Du reste, "Si nous voulons nous pardonner les uns les autres, commençons d'abord par nous comprendre les uns les autres". C'est tout!

Douloureusement, mais vive le pardon !

Vivement la fin du tunnel !

Laïd DOUANE
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التعديل الأخير تم بواسطة العيد دوان ; 18-09-2009 الساعة 09:46 PM